Yves Charles ZARKA / Le risque de la vérité

23/08/2011

Le « genre » : théorie ou idéologie ?

Filed under: Articles — Yves-Charles ZARKA @ 11:40

 Article paru dans La Croix, le 2 août 2011

 La décision du Ministère de l’Education nationale d’introduire un certain nombre des positions relevant de la question du « genre » dans les programmes de sciences de la vie et de la terre, qui se traduit par des innovations dans les nouvelles éditions des manuels scolaires, a suscité, à juste titre, de nombreux commentaires et même un certain émoi, y compris dans ces colonnes (cf. La Croix du 19 juillet 2011). Cependant, avant de savoir si cette introduction est bonne ou mauvaise, il convient de revenir aux thèses des tenants de la question du genre. S’agit-il d’une théorie qui apporte des connaissances nouvelles ou une idéologie qui véhicule, ou plutôt masque, des intérêts particuliers ? Telle est l’interrogation préalable à une justification ou à une dénonciation de l’innovation ministérielle.

 Revenons donc aux thèses soutenues. On croit généralement que la « doctrine » du genre opère une distinction entre, d’une part, la différence biologique mâle/femelle, qui serait considérée comme un fait naturel incontestable et, d’autre part, les caractéristiques (touchants les mœurs, le comportement, le statut) des genres masculin/féminin qui relèveraient de la construction sociale et culturelle. Mais s’il en était ainsi, il n’y aurait vraiment pas lieu de s’émouvoir. On pourrait même dire que cette distinction est un lieu commun : qui pourrait nier que garçons et filles sont élevés dès leur plus jeune âge dans leurs familles, leurs entourages et la société en général en fonction d’une distinction qui leur permette de se reconnaître comme des garçons ou des filles, des hommes ou des femmes ?

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Il faut créer une Cour chargée de contrôler l’exercice du pouvoir

Filed under: Articles — Yves-Charles ZARKA @ 11:31

Article paru dans libération le jeudi 21 juillet 2011 

La contestation par Claude Guéant, ministre de l’intérieur, suivi par un bon nombre de députés UMP, du rapport de la Cour des comptes sur la politique de sécurité en France (cf. Le Monde du 9 juillet) est beaucoup plus grave que ne semble le laisser penser les brefs articles qui lui ont été consacrés dans les médias. En effet, il ne s’agit pas simplement de souligner la contradiction manifeste qu’il y a pour un gouvernement à universaliser, voire à sacraliser, le principe de l’évaluation, au nom de la culture des résultats, et à contester, en termes très rudes, un rapport d’évaluation produit par l’une des institutions les plus incontestables en termes de rigueur, de probité et de neutralité, de la République. Cette mise en accusation de la Cour des comptes, pour partialité supposée, est un coup porté contre la République pour des raisons bassement politiciennes : il ne faut pas que le bilan du Président de la République soit contesté en matière de sécurité. On devine facilement pourquoi. C’est précisément ce genre de remise en cause, par le gouvernement même, des institutions qui fait partie des conduites les plus destructrices de la confiance que les citoyens peuvent avoir en leur dirigeants et en leurs institutions. Elles confortent la dépolitisation des citoyens ou leur radicalisation aux extrêmes, en particulier à l’extrême droite, selon le fameux adage « tous menteurs ! tous pourris !». Il faut savoir respecter les institutions de la République surtout lorsqu’on est au gouvernement. Il semble que certains ne l’aient pas encore compris.

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La dictature des marchés à l’âge de la servilité de l’Etat

Filed under: Articles — Yves-Charles ZARKA @ 11:25

Article paru dans le Figaro le mardi 19 juillet 2011

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment trois agences de notation, donc d’évaluation, privées ont-elles pu acquérir un pouvoir qui leur permette d’intimider les Etats, pas seulement la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou l’Italie, mais toute la zone euro, et même, en dehors de celle-ci, les Etats-Unis, jusqu’à en porter certains à la faillite ? Alors que ces mêmes agences ont noté, il y a quelques années, AAA les subprimes qui ont failli entraîner le monde dans la catastrophe. Plusieurs explications ont été données : le décrochage des monnaies par rapport à l’or dans les années 1970 ; la dérégulation généralisée des marchés financiers dans les années 1980 ; la décision de créer une Banque Centrale européenne qui ne puisse pas prêter de l’argent aux Etats, sous prétexte de protéger les intérêts des peuples contre les aléas de la politique ; l’injonction faite aux Etats d’emprunter aux banques privées ; l’accroissement conidérable de l’endettement des pays pour des raisons structurelles et conjoncturelles. Toutes ces explications politico-économico-financières sont exactes.

Mais la question revient : comment expliquer la conjonction de ces causes objectives ? La raison est sans doute subjective : la  croyance que les lois immanentes du marché sont par elles-mêmes, et surtout sans interventions politiques extérieures, la condition à la fois d’une régulation des échanges qui profite à tous et d’une information véritable sur la puissance ou la faiblesse réelle des économies. La généralisation de la croyance selon laquelle le marché dit la vérité : telle est la raison subjective susceptible de rendre compte de la conjonction des causes objectives, c’est-à-dire des choix économico-financiers.

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