Article paru dans La Croix, le 2 août 2011
La décision du Ministère de l’Education nationale d’introduire un certain nombre des positions relevant de la question du « genre » dans les programmes de sciences de la vie et de la terre, qui se traduit par des innovations dans les nouvelles éditions des manuels scolaires, a suscité, à juste titre, de nombreux commentaires et même un certain émoi, y compris dans ces colonnes (cf. La Croix du 19 juillet 2011). Cependant, avant de savoir si cette introduction est bonne ou mauvaise, il convient de revenir aux thèses des tenants de la question du genre. S’agit-il d’une théorie qui apporte des connaissances nouvelles ou une idéologie qui véhicule, ou plutôt masque, des intérêts particuliers ? Telle est l’interrogation préalable à une justification ou à une dénonciation de l’innovation ministérielle.
Revenons donc aux thèses soutenues. On croit généralement que la « doctrine » du genre opère une distinction entre, d’une part, la différence biologique mâle/femelle, qui serait considérée comme un fait naturel incontestable et, d’autre part, les caractéristiques (touchants les mœurs, le comportement, le statut) des genres masculin/féminin qui relèveraient de la construction sociale et culturelle. Mais s’il en était ainsi, il n’y aurait vraiment pas lieu de s’émouvoir. On pourrait même dire que cette distinction est un lieu commun : qui pourrait nier que garçons et filles sont élevés dès leur plus jeune âge dans leurs familles, leurs entourages et la société en général en fonction d’une distinction qui leur permette de se reconnaître comme des garçons ou des filles, des hommes ou des femmes ?